CORPS

FLIXT>Nous avions fait de multiples réunions nocturnes dans le désert loin des regards furtifs. Pourquoi nous battions-nous ? Bon nombre se posait la question. Après avoir établi notre groupement, et brandit un étendard, il fallait mettre en œuvre ce qui animait ce désir de rencontrer de nouvelles terres.

L’holographie avait fait son apparition il y a déjà quelques années maintenant. Le but du gouvernement bien qu’il nous avait présenté ses perspectives d’avenir comme n’étant que la faveur de ses chers citoyens cercloniens était d’inclure une holographie immersive dans la vie quotidienne. L'holographie sur les supports informatiques était devenue banale et perdait de sa crédibilité. Les simulations de jeux immersives dans les tours panoptiques n'offraient plus seulement une réalité virtuelle, elles promettaient un vécu réel avec des hologrammes sensoriels qui procurent des effets au toucher. J'avais opté pour la sécurité et utilisé nos anciens dispositifs basiques qui réduisaient l'hologramme projeté à un objet en dimensions minimalisées à la taille du support utilisé autrement dit un boîtier de moins de 10 centimètres de diamètres. Ma présentation de GAMMA à toute l'équipe et aux 120 citoyens ayant rejoint le projet de Renewal était fructueuse.

CHELL>Ils étaient tous assis en tailleur sur le sol poussiéreux, certains les jambes en tailleur, d’autres plus à l'aise leur corps à moitié allongé de son long, discutant de leurs dernières mésaventures avec la matrice. Il fallait dissimuler nos intentions et faire semblant face à tout autre individu dans les rues de la cité portuaire. La méfiance était d’ordre. Elle se devait être reine. Flixt voulait accueillir n’importe qui chez les désinvoltes parce qu’il n’avait pas cette appréhension que l’autre puisse être envoyé par les hauts commanditeurs. Cette appréhension c’est moi qui l’avait. De par mes expériences passées.

[...]

FLIXT>Nous devons décider des règles à mettre en place et des pré-requis de l’expédition. Des pré-requis étaient déjà à imposer avant que quiconque ne puisse nous rejoindre. Chell y tenait. Elle avait eu cours de ce qui s’était produit pour Captp et comment le gouvernement avait fait irruption dans sa vie jusqu’à ce qu'il doive s’amputer d’un de ses sens.

L’idée n’était pas de tous les diriger au doigt et à l'œil. Nous voulions que les choses se passent autrement que comme elle se sont toujours déroulés pour l’humanité

[...]

HOCHT>Le carnet était vide, d’un blanc profond, à en faire palir la Zone du dehors. Nous n’avions pas beaucoup de fournitures comme celle-ci à notre portée dorénavant. Je ne pouvais pas me rater dans la tâche qui m’a été confiée. Les années en tant que surveillant de hall dans l'immeuble m’ont fait croiser des comportements de toute sorte et nous étions tous les 3 bien d’accord sur le fait que la nature humaine doit se fixer un calendrier des bases à respecter. Pas de hiérarchie dans notre corps social. Une idée me vint alors : aucune tâche ne serait assignée à personne. Entre et de nous 3, chacun écrirait ce qu’il souhaite tant qu’il faille faire respecter un ou deux principes pour lesquels Flixt et Chell avaient déjà donné leur approbation.

CHELL> Il faudrait être cohérent dans ce que nous faisons. Je ne pouvais pas m’isoler du reste de l’assemblée. Mes yeux allaient et venaient par-dessus les épaules de mes deux camarades. Nous n’étions pas en lieux sûrs sur cette épave spatiale. Si à tout moment une milice débarquait et nous séquestrait tous, un finirait par cracher le morceau. Je faisais de mon mieux pour me tenir, rester sereine et me comporter comme si nos chances étaient un grand succès.

- On maintient nos positions ?

- Ils diront qu'être de cet avis s’assimile à se présenter comme dictateur au pouvoir

- Peu importe ce qu’il peuvent penser, il est impensable de se retrouver sur un espace vierge sans ériger à quoi s’attache notre détermination

- J’ai réussi à coder selon les plans que tu m’as fournis. Une série de 7 chiffres communs à tous sera à entrer dans un support connectable.

- Idéalement, c’est par cette voie que je leur transmettrai toute information cohérente avec ce qui va se poursuivre. Les rendez-vous hebdomadaires de discussions ne sont plus nécessaires à ce stade. Nous pouvons nous en passer.

- Ce ne serait pas plus mal.

-Pas plus mal. Nous avons besoin qu’ils nous tiennent au courant de ce qui se trame dans tous les domaines de cerclon II. J’ai oublié de mentionner que nous serions les seuls transmetteur du réseau, il va falloir apporter des modifications au système si d’autres utilités sont envisagées.

- Je ne suis pas experte en ce domaine, c’est toi qui l’est.

- La solution s'impose d’elle-même. Si tu peux nous mettre ça en place, tu as le champs libre

>Chacun repartit œuvrer de son côté. Il était clair que nous ne passerions pas entre les mailles du filet si le filet venait à se refermer sur nous. Nous travaillons dans divers domaines aux quatre coins de Cerclon II, Chell est assistante psychologue et étudiante analyste psychomoteur, Hocht lui, est vigile chez Half-communications qui concentre le centre de connexion, propagation et exploitation de l’holographie. Travailler n’avait plus cette connotation d’implication journalière qui contraignait les citadins à suer corps et âmes, il y a des centaines d’années, pour gagner une miette de pain. Chacun est libre de vivre sa vie comme il le souhaite, au crochet de Cerclon.

[...]

FLIXT>Il faisait nuit. Les terrains vastes ne manquaient pas dans la Zone du dehors. La beauté des espaces vides manqueraient très certainement à quiconque respirait la saveur du néant. Ondulaient dans le ciel ces vagues violettes que laissent le soleil transperçant les anneaux de Saturne à son coucher. Scrupuleusement, j’avais dérobé des plans techniques à la base d’exploration spatiale pour connaître les derniers voyages qui avaient été effectués depuis la Terre. Toutes les informations n’étaient pas transmises aux cercloniens bien que notre gouverneur laissait penser le contraire. Elles n’étaient consultables que par les employés restreints en contact sans intermédiaire humain avec les ministres du département en question. Mes talents ou une fortune hasardeuse avait fait que je me sois retrouvé avec un rapport de la haute commission des transports spatiaux extra-terrestres. Il dévoile les exportations terriennes collectées. La terre était en majeure partie dévastée. Les moins fortunés restés en Afrique continuent la cultivation de produits alimentaires pour que ces produits puissent être disposés à leur tour dans les techno-sphères. Un commerce propice avait foisonné à intervalles relativement longs entre notre satellite rocailleux et le continent survivant de l’ex-Terre.

HOCHT>Flixt était déterminé à ce que nous ne passions pas un été de plus à Cerclon. Les plans allaient être délivrés aux membres des désinvoltes pour qu'ils ne ratent aucun préparatif du départ. Il a retrouvé entre tous ces visages un membre de la station de conservation des engins spatiaux. Comment avait-on pu nous cacher que des capsules provenaient encore de la Terre? Il avait en sa possession une formation de pilote. On ne crache pas sur ce futile détail.

CHELL>Vient à point qui sait attendre. Les garçons n'en croyaient pas leurs oreilles et moi donc ! STACEY était toujours en orbite autour notre astéroïde. Selon le rapport entre les mains de Flixt, la station STACEY était toujours en état de fonctionnement. Plusieurs pages énonçaient ce qu’elle comportait à bord. Il n’avait pas été aisé de prévoir de partir avant de n'avoir des espoirs concrets pour notre échafaudage d'éloignement.

HOCHT>Une station qui gravite toujours autour des Cerclons ! C’est une nouvelle incongrue ! L’exploitation de ce document se fait dans son entièreté. Pas une seule donnée ne peut être laissée pour compte. Les moteurs sont à froid depuis plus d’une centaine d'années. Elle n’a plus servi à quelque créature humaine que ce soit. La raison est simple. Les navettes en circulation du point A au point B sont des vaisseaux automatisés de transportation de marchandises. Ils ne sont pas construits pour que la vie soit compatible à bord. Plus personne ne vient de la Terre et plus personne n’imagine partir des Cerclons.

Des rapports de la base mentionnent des graines de végétaux consommables conservées dans les compartiments à éprouvettes de cryogénisation. Des plantations pourront être faites dès notre arrivée sur GAMMA.

FLIXT>STACEY n'est pas seulement le moyen de vol dont les désinvoltes avaient besoin mais une réponse à diverses problématiques auxquelles nous aurions eu affaire. La cryogénisation est une issue de secours. Des citernes d’eau potable et d’oxygène ont été construites à bord. Notre survie est assurée jusqu’à l’arrivée sur GAMMA.

[...]

CHELL>Nous avancions, à contre-courant, la pluie frappant nos visages en pleine face, vêtus d'une tenue qui nous permettrait d'être efficace dans notre tâche. L'accès à l’entrepôt se faisait par une station de métro souterraine. Il fallait un pass spécial pour y accéder. Bosch s’en était procuré un pour nous et nous attendait dans l’enceinte du parking. Flixt portait une casquette à l’effigie de son département spatial qui dissimulait la moitié de son visage s’il ne levait pas la tête trop haut. Les quais étaient truffés de caméras de surveillance. Je ne restais pas trop près de lui pour ne pas éveiller les soupçons auprès des quelques autres passagers présents dans le souterrain.

FLIXT>Hocht avait tout prévu. Le plan était qu’avec Chell nous rejoignîmes Bosch jusqu'au bâtiment volant. Il allait mettre en suspend les caméras de surveillance de l’aéroport grâce à ses talents en informatique. Passer incognito jusqu'à l’aéroport pour ouvrir les portes et partir. Nous devions brouiller les pistes, trafiquer les caméras de surveillance pour ne pas éveiller les soupçons le temps que les portes automatiques s’ouvrent et que l’engin décolle. Le boot système mettra toutes les caméras sur pause pendant moins de vingt minutes.

CHELL>Notre plan était simple : entrer dans l'entrepôt, voler le véhicule et partir pour GAMMA. Les caméras n’étaient qu’un petit morceau de verre que nous devions contourner pour ne pas nous entailler les pieds. Hocht avait l’habitude des formalisations de la surveillance dans les bâtiments hautement surveillés. Il avait aussi le matériel nécessaire à ce genre d'opérations.

HOCHT>L’information flottait automatiquement au-dessus du dispositif à son ouverture. Il fallait l'agrémenter de toutes les autres messages que nous devions transmettre. Les Désinvoltes savaient qu’il ne fallait pas déverrouiller l’appareil dans l’enceinte des murs de Cerclon II. Malgré les restrictions de l'encodage des dispositifs que nous avions, les regards des autres cercloniens pouvaient être dangereux. Sous surveillance ou surveillé, traité ou traiteur, s’ils n’étaient pas avec nous ils étaient contre nous.

>Renewal ne leur semblait pas fou mais très lucide au contraire. Ils savaient que la liberté et la véracité de la jouissance de leurs sens les attendait de l’autre côté du mur. Nous entrâmes dans une toute nouvelle humanité qui pour reprendre de sa forme devait se défaire de tout ce qui l’avait détruite mais dont les autres ne souhaitaient pas se débarrasser. Le confort est goutu. Plaisant. Il est difficile de renoncer à ses privilèges. Nous ne pouvions pas laisser la gangrène se propager davantage.

[...]

FLIXT>Le moteur en marche ronronna. Hocht se sacrifiait pour notre cause. Il mettrait trop de temps pour rejoindre le souterrain. Perdre un ami que nous connaissions depuis de longue date m’attristait tout autant que Chell. Nous ne pouvions pas mettre en péril la promesse que nous avions faite à nos confrères.

Les plans de notre arrivée sur GAMMA avaient été transités. Nous avions transmis les idéaux pour lesquels nous nous battions. Force d’âme, le vaisseau ne nous permettant que d’effectuer un allé sur la planète, nous nous débarrasserions de toute source de technologie existante. Ne pas commettre les erreurs du passé pour rendre l’être humain esclave d'une forme d’intelligence dématérialisée et impérissable.

La liberté de chacun serait segmentée en deux, chacun était libre de partir vivre de son côté en emmenant ce qui lui serait nécessaire pour vivre et construire son habitat dans la limite des stocks que nous possédons à bord ou de rester dans une communauté de co engagement qui prospérera sur le maître d’ordre du respect et de la connaissance de ce que cela implique de faire société, c’est-à-dire, aider pour quelques tache qu'il soit sans que personne ne soit forcé. Nous avions demandé à tous les désinvoltes de prendre en compte ce paramètre avant de ne pas songer à nous rejoindre. Personne n’était soumis à répondre au respect que nous souhaitions instauré, mais tout le monde devait savoir que cela serait nécessaire pour le bien fondé de notre installation sur GAMMA.

Des plans de plantations avaient été dessinés, des prototypes de constructions pour nos habitations rudimentaires, et un inventaire de tout ce que nous possédions, représentent la foi que nous possédions encore de la civilisation.

[...]

FLIXT> Ils avaient à peine une dizaine de minutes pour embarquer dans le véhicule navette qui nous transportera jusqu’à STACEY. Le débrief avait été télécommuniquer par Hoct sur les DHE (dispositifs holographiques encodés), Il s’était filmé pour fleur annoncé sa décision de ne pas embarquer à bord avec nous, d’une part parce que nous n’avions pas le temps nécessaire et secondement parce qu’il ne souhaitait pas faire capoter l’expédition.

L'indépendance de notre esprit faisait que nous acceptions forcément son choix. Il n 'y avait pas l'éventualité de le faire changer d’avis, partir contre son gré bien que ses choix dépendaient de l’urgence à laquelle nous faisions face. Nous le laissames partir. Son sort était jeté et à 95% condamné. Il sera jugé par les autorités de Cerclon II pour infâme trahison et aux plus grosses sévices qui pourront lui être affligées.

[...]